Une chose est sûre, le marché bouge. Des initiatives sont en cours pour faciliter la vie de l’emprunteur qui cherche à optimiser l’assurance de son prêt immobilier. La baisse des taux observée depuis plusieurs années fait que le coût de l’assurance emprunteur est désormais le
premier poste de dépenses.
Sans vouloir minorer le niveau des garanties associées à l’assurance, les emprunteurs jeunes, sans pathologies ou risques identifiés, peuvent faire des économies conséquentes en souscrivant une assurance alternative.
Notre propos n’est pas de faire le procès des banques qui font parfois de l’obstruction, il n’en reste pas moins que 88% du marché leur reste acquis alors que les assureurs « en délégation » sont toujours plus nombreux.
Pour faire évoluer la situation, à marche forcée si possible, des initiatives se font jour. Auront-elles les résultats escomptés ? L’avenir le dira…
(source : l’argus de l’assurance)
→ Début juillet, huit acteurs alternatifs de l’assurance emprunteur (Allianz, April, Aéma, Aviva France, MNCAP, MACSF, Maif et Malakoff Humanis), ont créé une association pour réfléchir et travailler ensemble à l’amélioration de la transparence des prix et de la concurrence dans le domaine de l’assurance emprunteur.
Cette association, dénommée APCADE (Association pour la Promotion de la Concurrence en Assurance Des Emprunteurs), portera « des propositions fortes » pour la transparence et la concurrence dans l’assurance emprunteur, et ambitionne de devenir un « interlocuteur privilégié des pouvoirs publics ».
→ Les banques qui ne respectaient pas les recommandations du Haut Conseil de stabilité financière sur l’assurance des crédits immobiliers seront contraintes de le faire dès cet été. Le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) traduira au cours de l’été ses recommandations en matière de crédit immobilier en une « norme juridiquement contraignante », après publication d’un bilan de son application. Le 27 janvier dernier, il avait demandé aux banques d’inclure systématiquement le coût de l’assurance de prêt obligatoire dans le calcul du taux d’endettement des emprunteurs, après avoir porté fin décembre 2020 le taux d’endettement maximum de 33% à 35% maximum et fixé la durée maximum des crédits à 25 ans hors exceptions (pour des achats dans le neuf ou dont les travaux représentent au moins 25% de l’emprunt). Il ne sera plus possible pour les banques de déroger à ces règles en jouant sur l’intégration du coût de l’assurance, à moins de jongler avec les options. On ne connaît pas encore les pénalités encourues en cas de manquement aux nouvelles obligations.
→ Les assurtechs en assurance emprunteur sont très actives et tentent de « renverser la table ».
Récemment, Assurly a fait une levée de fonds de 6 millions d’euros pour obtenir l’agrément de l’ACPR. Cette assurtech poursuit son développement sur les marchés BtoC et BtoBtoC. Spécialisée en assurance emprunteur, Assurly a lancé son offre en avril 2021.
Luko, créée il y a trois ans avec une offre en assurance habitation, concrétise le lancement de sa nouvelle offre en assurance emprunteur, avec des tarifs très agressifs. Elle revendique 10 000 préinscrits à ce contrat, qui a donc officiellement vu le jour ce 24 juin.
→ D’autres compagnies ou courtiers grossistes prennent des initiatives pour simplifier le parcours client et contourner l’obstruction des banques; L’inventaire n’est pas exhaustif :
→ Et la résiliation infra-annuelle ?
Le Comité consultatif du secteur financier (CCSF) a lancé en mai un groupe de travail chargé d’examiner la possibilité d’ouvrir un droit à résiliation à tout moment des contrats d’assurance emprunteur.
Le groupe de travail, qui réunit à la fois les représentants des groupes bancaires, les tenants de la résiliation infra-annuelle dont la FNMF et Sécurimut, et les associations de consommateurs, aura comme objectif de tenter d’obtenir un consensus sur un cadre à donner à cette résiliation infra-annuelle.
Dans ce schéma, il serait introduit un préavis de deux à trois mois pour permettre au client et à la banque d’organiser la substitution dans de bonnes conditions. La proposition du CCSF prévoit également l’introduction d’une durée minimale d’engagement du client de deux à trois
ans avant d’envisager une nouvelle résiliation.
En conclusion, le marché de l’assurance emprunteur est en mouvement, les assureurs alternatifs sont prêts pour tenter de s’emparer de parts de marché au détriment des banques. Ces dernières ont prouvé qu’elles savaient faire de la résistance, tant opérationnelle en multipliant
les conditions de résiliation, que législatives en faisant pression sur les pouvoirs publics pour que rien ne change.
Dans l’hypothèse d’une évolution rapide, la question se posera pour les établissements bancaires afin de compenser la baisse de PNB : développer leur offre alternative en assurance emprunteur, augmenter les taux des prêts, trouver de nouvelles sources.
Affaire à suivre…